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Ce document a été réalisé à l'intention de ceux qui pensent encore que la baleine du lac d'Annecy est une fiction.
Ce n'est pas une fiction, j'espère que les photos ci-contre sont convaincantes. En tout cas je suis ravi de savoir
qu'il y a un Mr. Haig, charpentier de marine (*).
En juillet 2010 j'ai du me réfugier en catastrophe avec ma barque sous les arbres des jardins
de l'auberge du Père Bise. Ma chère barque, je n'ai jamais pensé à lui donner un nom. Donc tempête soudaine.
Un bon coup de baujus, le tonnerre, des prémisses de grêle, c'était impressionnant.
On ne voyait même plus les montagnes, à peine le Taillefer et le bon vieil hôtel des Libellules. Le sémaphore de Saint-Jorioz émettait son signal
à plus de deux flashs par seconde, vraiment inquiétant! Bon, je n'en menais pas large.
Alors je l'ai vue cette baleine! L'eau s'est mise à bouillonner. Il m'est venu la pensée idiote que la pression était
tellement basse que le lac se jetait en l'air! Pourtant je n'avais pas bu une goutte d'alcool - enfin, au moins pas depuis la veille.
Elle a surgi comme ça, d'un coup, façon Flipper le Dauphin. J'ai même aperçu dans ses yeux un trait légèrement ironique:
"Ho Némoz, pas un peu trouillard, non?". Un peu, oui! Une baleine qui se précipite sur vous devant la terrasse de l'auberge se dit peut-être
qu'un petit rondouillard pour son déjeuner, ça passe sûrement mieux qu'un minuscule gratin de queues d'écrevisses, allez donc savoir!
Ensuite quand elle est retombée, elle a créé un petit tsunami qui a bel et bien failli nous envoyer nous fracasser sur le muret du bord du lac.
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Le lendemain, avec le retour du grand beau, j'ai fait le petit effort habituel de me lever tôt pour aller me baigner le cul nu au début du Grand Lac.
Sur cette rive Est dite "Plein Soleil", car elle bénéficie d'un ensoleillement tardif le soir - alors que la "petite rive" se retrouve
rapidement dans l'ombre dès que le soleil a dépassé la montagne du Semnoz, on peut échapper à la chaleur matinale grâce à l'ombre portée du Roc de Chère.
Je suis donc parti avec ma barque qui n'a pas de nom, sans emmener de nounours, ni "vieil homme et la mer", ni vin blanc.
C'est que je ne suis pas écrivain, moi, du coup je n'y ai pas pensé, mais la prochaine fois...
J'ai un pote qui a un petit carré de vignes en Apremont. Chaque année on y fait les vendanges, ce qui ne nous prend pas plus qu'une
grosse matinée. Le vin qu'on en tire exprime une propriété bien étrange: très frais, il est absolument
délicieux, mais seulement entre 7h et 11h du matin et accompagné de charcuteries. En dehors
de cet horaire ou sans charcuteries il est parfaitement imbuvable! Alors voilà un bon moyen d'écouler toute ces bouteilles
qui trainent chez moi. Me voilà donc à loilpé en train de barboter dans la flotte quand j'ai entendu un grand plouf!
J'ai juste eu le temps de voir la queue
de la baleine disparaître dans un bouillon d'écume. La peur de ma vie! Enfin, surtout à cause de l'effet de surprise.
Je me suis dit qu'une baleine aussi facétieuse ne chercherait pas à venir me dévorer les attributs! Depuis je ne l'ai plus revue et je me suis
inquiété fort pour elle. Une baleine dans un espace aussi réduit c'est comme un poisson rouge dans une chope de bière! Alors depuis que j'ai
lu l'histoire de Mr. Haig, me voilà totalement rassuré. Je vois que cette baleine affiche une
solide joie de vivre.
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